INTERVIEW
Former
les professionels
de santé sur
Une seule santé
L’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) s’est associée à l’OMS pour établir des programmes conjoints pour former les professionnels de santé. Le Dr Jean-Philippe Dop et la Dre Gaya Gamhewage expliquent comment il est possible de faire ainsi de cette approche une réalité.
Pourquoi est-il important de disposer de plateformes OIE et OMS pour former les professionnels de santé ?
J. P. D. L’OIE comme l’OMS formulent toutes deux des orientations pour guider les politiques de santé humaine et de santé animale. Mais cela ne suffit pas pour réduire les risques sanitaires, car il existe des écarts évidents entre l’adoption des normes par les Membres et leur application effective sur le terrain. Les plateformes d’apprentissage telles que le portail de formation de l’OIE et l’Académie de l’OMS permettent de s’assurer que les connaissances acquises soient converties en actions par tous ceux qui se trouvent en première ligne du fait de leur travail, ainsi que par tous les professionnels concernés.
G. G. Les plateformes d’apprentissage permettent de créer des communautés de personnes qui ont reçu une formation et qui travaillent ensemble, ce qui conduit à un véritable changement culturel. Nous pouvons voir nos deux plateformes non seulement comme des outils de transfert de connaissances, mais aussi comme un moyen de résoudre des problèmes ensemble.
En 2020, l’OIE a diffusé
Qui pourra se former grâce à ces plateformes ?
J. P. D. Sur ces plateformes, tous les professionnels du secteur, les bénévoles, les décideurs, les organismes publics peuvent acquérir des connaissances utiles. Récemment, nous avons aussi vu des praticiens du secteur privé – médecins, vétérinaires – utiliser nos plateformes dans le but de prendre part à des campagnes de vaccination, dans le cadre de partenariats public/privé.
G. G. Pour s’informer sur les nombreuses problématiques sanitaires complexes et émergentes auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui, il faut dépasser le cadre universitaire. Le professionnel qui débute sa carrière avec des qualifications universitaires de base aura encore besoin d’un apprentissage toute sa vie, ce que nous pouvons désormais offrir. Par conséquent je dirais que c’est la population humaine mondiale qui est la grande bénéficiaire de ces plateformes, car nos actions contribuent à améliorer la santé mondiale dans son ensemble.
En quoi la collaboration OIE/OMS va-t-elle renforcer les compétences « Une seule santé » ?
G. G. Notre ambition est de bâtir un monde où il n’existe pas de barrières entre les professionnels de la santé animale, de la santé humaine et de la santé environnementale. Ainsi, quand nous avons commencé à concevoir ce partenariat, nous nous sommes demandé comment les professionnels de la santé animale pourraient comprendre la santé publique afin d’œuvrer pour la préparation, la détection et la réponse aux situations de crise. De la même manière, comment les professionnels de la santé publique peuvent-ils en savoir suffisamment sur la santé animale afin que nous puissions tous travailler ensemble ? Avec le Covid-19 nous avons pu voir que, peu importe le domaine dans lequel vous travaillez, vous serez mobilisé en cas de crise. Cette interopérabilité va devenir un atout majeur pour les communautés, les pays et la santé mondiale.
J. P. D. Nous savons que pour avoir un réel effet, il faut un changement social et culturel. C’est pourquoi nous ne nous contentons pas de glaner des connaissances pour en faire du matériel de formation à diffuser aux intéressés. Un groupe de travail OMS/OIE a été créé spécialement pour se concentrer sur le réseautage, dans le but de constituer une communauté mondiale d’apprentissage « Une seule santé » partageant des valeurs communes. Nos formations conjointes seront le point de départ d’une longue histoire de coopération pour créer des communautés dont les membres peuvent apprendre au fil du temps mais également les uns des autres. En améliorant la santé mondiale, nous sauverons des vies, nous abaisserons la prévalence de certaines maladies, nous protégerons l’environnement et nous préserverons les sociétés et les économies.
« Les plateformes d’apprentissage permettent de s’assurer que les connaissances acquises soient converties en actions par tous ceux qui se trouvent en première ligne du fait de leur travail ainsi que par tous les professionnels concernés. »
(Dr Jean-Philippe Dop)
Comment la crise du Covid a-t-elle mis en évidence les besoins de formation à distance ?
G. G. Lors d’une pandémie telle que celle du Covid-19, il faut que toutes les connaissances nouvellement acquises circulent rapidement à travers le monde afin de sauver des vies. Voilà pourquoi la formation à distance est devenue un élément crucial de la préparation et de la gestion de crise.
J. P. D. Cette pandémie nous a amenés à comprendre que les modalités de transmission des connaissances doivent être très souples afin de s’adapter continuellement aux besoins sur le terrain. La formation à distance était importante pour relever les défis du Covid-19. Nous savons maintenant que ces outils sont précieux, de même que les ressources et le personnel nécessaire pour les faire fonctionner. Nos deux organisations avaient déjà cette capacité de réaction, mais le Covid-19 a définitivement été l’occasion d’un apprentissage qui nous a amenés à renforcer notre coopération. Nous nous engageons à conduire ensemble le changement afin d’offrir des options de formation durables et équitables pour tous.